Concours de nouvelles : «Tavernouvelles »

Notre concours de nouvelles sur Taverny «  Tavernouvelles » s’est conclu par un podium ex-aequo pour deux lauréates, Mme Sandrine et Aliénor qui ont été primées au mois de mars.
Grâce à leur talent, nous avons pu vivre des aventures passionnantes imaginées à Taverny où leurs dons de narratrices et notre ville ont été mis à l’honneur !
Des places de cinéma et des livres leur ont été remis à cette occasion.
Bravo à elles et merci de nous avoir fait partager ces moments uniques !

« Avis de recherche »

Des cris. Un coup de feu. Des craquements et bruissements. Un son mat comme quelqu’un qui tombe durement sur le sol. Des murmures suivis de jappements puis le silence. Le silence imposant de la forêt plongée dans le noir.

Pour une fois que je me promène le long du sentier de la forêt de Montmorency, je n’ai pas été déçu !

Je me dissimule, je guette, tous mes sens en alerte. Par mesure de sécurité je joue à « soleil » en espérant que le battement de mon cœur ne s’entende pas, tant il bat fort !

Mes yeux sondent les alentours et je décide de repartir « à pas de loup » au plus loin de cet endroit qui m’a glacé le sang !

Lentement je prends le chemin des Saussaies et bifurque vers la Sente des Goberges. Après un périple de 600 mètres à vue de nez ou de moustache (c’est selon), je me trouve confronté à un dilemme. Prendre mes jambes à mon cou mais ce serait lâche ou m’arrêter devant ce pauvre petit chiot, apeuré et tout tremblant !

Que faire et quelle attitude adopter ?



Je suis sans domicile fixe, à la démarche peu gracieuse, à la tignasse peu reluisante, sans attache mais libre quelque part. Je le revendique ! Je déambule tous les jours dans les rues et les sentes de Taverny qui sont si nombreuses et dont les noms me surprennent.

Qu’il pleuve, qu’il vente ou bien que le soleil me dore la peau, je suis à la recherche du meilleur endroit possible, chaque jour, chaque nuit. Un Robinson Crusoé des villes !

Mes compagnons de fortune sont peu nombreux, certains agressifs, rarement amicaux.

Je me suis fait à cette vie et même si parfois elle est dure, elle me réserve d’agréables moments et rencontres.

Cette liberté m’apporte le loisir de ne rien faire et si ce n’est le besoin de me nourrir, ce serait le paradis ! Je dois donc de temps à autre « communiquer » voir « mendier » diraient certains pour manger au moins une fois par jour.



La petite boule de poil blanche me parle dans un drôle de langage. Elle gémit c’est certain et elle a peur.

Moi : que s’est-il passé pour que tu sois si effrayée ?

Boule de poil : j’ai perdu mon maître dans la forêt juste après ce grand bruit infernal dans mes oreilles.

Moi : que s’est-il passé ? As-tu vu quelque chose ?

Boule de poil : nous nous promenions dans la forêt, j’ai vu une ombre noire se diriger vers nous et l’ombre a attaqué mon maître. J’ai couru tant que j’ai pu et je me suis perdue ! Aide-moi à le retrouver !!!

A moi-même : Comme je suis quelqu’un de courageux et noble, je sais cela est rare de nos jours et aussi parce que l’idée d’avoir un copain ne me déplaisait pas, j’ai accepté.

Moi : d’accord mais avant toute chose, allons dormir. La nuit porte conseil c’est bien connu et demain nous commencerons les recherches, promis.

Nous avons trouvé refuge vers l’église Notre Dame, notre protectrice.



Même si nous sommes bien différents, nous nous sommes entendus tout de suite. Je me suis investi d’une mission protectrice, comme un père, pour réconforter ce petit être et me sentir utile, pour une fois !

Mon quartier de prédilection se situe aux coteaux de Taverny, entre les rues Raymond Clauzel, Terraye de Vindé, Da-Lage (renommée « Pédalage » par des petits malicieux), Eugénie et de la Tour Saint-Anne (où vous pourrez voir une éléphante et son éléphanteau, je n’ai pas bu je vous l’assure. Il s’agit d’une œuvre artistique faite sur un mur avec de la mousse tout simplement ; Chapeau l’Artiste !)

Véridique vous pouvez vérifier.



Début de matinée sur Taverny endormi. J’ai l’âme poète en contemplant les grands pins du Parc de Bellevue où les oiseaux ne cessent leur ballet en passant d’arbre en arbre.

Comme il me plairait d’avoir parfois des ailes et de contempler ma ville, ses sentes, ses parcs, ses vignes, ses enfants qui jouent, ses amoureux … Les perruches vertes à collier avec leur cri strident me rappellent à ma mission. Elles donnent le top départ, à ce que l’on pourrait appeler « opération CHIOT EN DETRESSE » ou « FORET MYSTERIEUSE ».

Nous nous dirigeons par là où a commencé le crime. La forêt est déserte mis à part un ou deux écureuils. Boule de poil m’indique l’endroit exact du lieu du crime, bordant la rue de l’ECCE HOMO.

Il sursaute ! Ne serions-nous pas seuls ?
Ce n’est rien, juste un chat, un chat noir (mauvais présage ?).

Je détecte un trou comblé par de la terre et de l’humus frais, des feuilles mortes déplacées très récemment.

Nos yeux se rencontrent : stupéfaction ? Le maître serait-il là, sous la forêt, mort, à jamais. Je lis dans les pensées de Boule de poil, sa grande détresse et cela me remue le cœur.

Prenant mon courage à deux mains (encore une drôle d’expression), je commence à gratter, à gratter et tout à coup, je m’arrête. C’est froid et dur.

Boule de poil ressent mon inquiétude et se replie sur lui-même, comme une boule (de poil !).

Il s’agit d’un objet métallique d’une forme sans équivoque, c’est un révolver ! Qui a voulu cacher cet objet et pourquoi le maître de mon compagnon a disparu ?

Mon sang ne fait qu’un tour. Allons à la police.

Nous descendons par la Sente des Valençons, bifurquons par la Sente des Goberges puis reprenons le chemin des Saussaies pour arriver vers le centre-ville.

Nous sommes stoppés net devant une affichette située sur un poteau électrique. Nouvelle stupéfaction (beaucoup d’émotions sont à venir).

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AVIS DE RECHERCHE

PERDU CHIOT BLANC REPONDANT AU NOM DE « BOULE DE POIL »

Le 28 JUIN, DANS LA FORET DE MONTMORENCY entre la rue ECCE HOMO et CHEMIN DES CLAIES

MAITRE TRES INQUIET

APPELER AU 07 .. .. .. .. RECOMPENSE OFFERTE

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N’ayant pas de téléphone portable, nous décidons de rester sous ce poteau en espérant qu’une personne nous repère.

Quelques minutes plus tard, une femme d’une quarantaine d’année (à vue de nez), nous regarde attentivement. Devant nos mines attristées et nos efforts (surhumains) pour lui montrer l’avis de recherche, elle comprend et sans tarder sort un smartphone.

Ensuite, tout est allé très vite !
Le maître a retrouvé avec ferveur et tendresse sa Boule de poil.

La police est toujours sur les dents (encore une expression bizarre) pour retrouver le ou les malfrats qui ont enterré l’arme et assommé le maître du chiot.

Et moi, me direz-vous ?

La jeune femme, prénommée Esméralda, aux yeux verts amande et au sourire malicieux, m’a tout « bêtement » adopté !



Je ne suis plus sans domicile fixe et sans attache. Fini la liberté, enfin presque. J’aurai un nouveau quartier et de nouvelles sentes à arpenter (Valençons, Goberges, Tampons).

Mais chaque jour et chaque soir, j’aurai un endroit où venir me faire dorloter (et accessoirement manger à ma faim) car moi aussi j’ai désormais une maîtresse.

APRES TOUT, JE NE SUIS QU’UN CHAT !



Inspiré par le Chat Errant Noir, qui a ses quartiers vers la résidence du parc de Bellevue où je réside.

Je l’ai croisé la première fois RUE DES MENOTTES et lorsque je l’ai vu, il semblait porter toute la misère du monde sur ses épaules râpées et sa mine piteuse. Mais il est libre d’arpenter les rues & les sentes et il ne faut jamais se fier aux apparences même s’il m’a inspiré du chagrin, à première vue. Il n’est peut-être pas « beau » mais qu’est-ce que la « beauté » dans le langage des chats. Et sa vie ne vaut-elle pas la vie d’un chat « prisonnier » d’un logement.

Inspiré également par une balade le long du sentier l’ECCE HOMO où nous avons rencontré un homme et son jeune chiot, qui attendaient les policiers car l’homme avait trouvé une arme sous des feuilles, à peine dissimulée.

Sandrine Despots

12/09/2018

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