En démocratie qui peut juger quel média est une source d’information ?

Le débat national sur le projet de loi contre les « fake news » a eu une forme d’écho à Taverny. Cette volonté de légiférer sur les « fake news » partait d’une bonne intention, mais les travaux parlementaires montrent que l’exercice est risqué : avec la liberté d’expression c’est la démocratie qui est en jeu. Car cette nouvelle norme mise dans de mauvaises mains ou mal interprétée pourrait à terme être invoquée pour censurer.

Pendant ce temps-là à Taverny, Madame le maire et sa majorité ont diffusé un tract dont l’en-tête tout de rouge vêtu est « Le journal « Le Tabernacien » n’est pas une source d’info ». Ainsi donc le jugement est tombé. Le maire et ses adjoints ont décidé que ce journal que vous avez entre les mains n’était pas une source d’information. Je laisse juges ceux qui ont lu le premier numéro papier ou les articles publiés au fil de l’eau sur la version digitale du journal Le Tabernacien.

En plus d’être étonnante, cette démarche du maire inquiète. Il est exact que la mode est à une certaine verticalité du pouvoir et que les régimes populistes qui ne portent pas les médias dans leur cœur prospèrent un peu partout sur la planète. La liberté d’informer et la consultation des parties prenantes sont moins tendance, suspectes de nuire à l’efficacité des politiques ou de refléter une forme de laxisme. Au contraire, les messages péremptoires, à l’emporte-pièce et les discours clivants qui montent certaines catégories de personnes contre d’autres ont le vent en poupe. Ce type de réaction à l’égard d’une “source d’information” porte en elle le germe de dérives potentiellement dangereuses.

Force est de constater que notre maire supporte mal le débat contradictoire et démocratique, elle qui…intente un procès contre certains de ses opposants, pour un tract jugé diffamant. Elle qui…n’est pas avare en public de propos outranciers, parfois méprisants, à l’égard de ceux qui lui répondent. Mais cette tendance à l’irritabilité justifie-t-elle ce dénigrement d’une expression locale différente de la sienne ? Non, bien sûr.

Nous sommes ainsi d’autant plus heureux d’être en mesure de vous proposer ce deuxième exemplaire de l’édition papier du Tabernacien. Depuis le premier numéro nous avons reçu de nombreux encouragements. La dynamique du journal a aussi poussé certains citoyens à proposer d’autres actions locales : des cours d’anglais gratuits ouverts à tous, des visites au Louvre préparées par une guide-conférencière internationale partageant son amour mais aussi les codes de ces chefs-d’œuvre, un débat philosophique sur la banlieue qui se poursuit, une aide à la préparation des entretiens de recrutement, une bibliothèque associative qui compte déjà près d’un millier d’ouvrages, une aide aux démarches administratives, un soutien aux étudiants pour leurs mémoire et soutenance, etc. Vos réactions enthousiastes au premier numéro nous ont donc portés mais nous avons également pris en compte vos remarques, comme l’absence du sport dans les premiers articles. Des projets d’écriture ont aussi été accueillis. Ainsi avez-vous pu suivre sur  www.letabernacien.fr , sur Twitter ou Facebook, le feuilleton autobiographique « Mon Mai 1968 » conçu par un Tabernacien conseillé et soutenu dans sa démarche par d’autres bénévoles. C’est aussi pour accompagner ces envies d’écrire que Le Tabernacien lance le concours de nouvelles « Tavernouvelles », ouvert à tous, sans contrainte de style ni de genre littéraire, la seule condition étant qu’il y ait un lien, même improbable, avec Taverny. A vos plumes !

Vos encouragements ont permis la publication en continu d’articles sur la version web du journal, ainsi que la diffusion d’une édition spéciale imprimée « Lycée, collège, école : que se passe-t-il à Taverny ? ». Cette édition spéciale a d’ailleurs été suivie d’une communication amusante, toute en contorsions, de la part de la majorité municipale. Après avoir qualifiée de « rumeur » et « fantasme » notre information qui alertait sur la délibération de la Région indiquant un projet d’opération immobilière amputant le terrain du lycée Prévert (délibération du 24 novembre 2017 – Rapport N° CR 2017-182 – chacun peut juger par soi-même de sa véracité en consultant le site internet du Conseil Régional https://www.iledefrance.fr/environnement-territoires/construction-de-logements-region-mobilise-proprietes-foncieres), Madame le maire a annoncé que ce projet, qui était censé ne pas exister, était abandonné… Ce revirement, d’autant plus significatif que notre maire émarge au même Conseil Régional dont elle est membre et qui avait voté cette délibération, témoigne de l’importance et de l’efficacité des lanceurs d‘alerte, ainsi que d’une information locale qui ne se limite pas aux « sources d’information » agréées par la mairie.

Il était important de rétablir quelques vérités face à cette agressivité des autorités locales à l’égard du journal. Pour autant Le Tabernacien demeure avant tout un média citoyen et participatif et non une revue politique. Les bénévoles qui l’animent ne se cachent pas et sont à votre disposition si vous souhaitez échanger. N’hésitez pas à vous signaler si vous voulez contribuer, en nous écrivant à contact@tabernacien.fr. Cette contribution peut être de nature très variée, à l’instar de l’atelier citoyen qui a décortiqué les données INSEE sur Taverny : la photographie qui en ressort que vous trouverez dans ce journal est parfois surprenante, comme cette stabilité de la population pendant 20 ans alors que certains présentaient Taverny comme « bétonnée » et « livrée aux promoteurs ». En revanche, les dernières données de recensement de l’INSEE datant de 2014 et 2015, ces chiffres ne prennent pas encore en compte les nombreux programmes de construction en cours qui eux auront cette fois-ci clairement pour effet d’augmenter la population de Taverny.

Bonne lecture, bonne dégustation de la liberté d’expression,

Thomas Cottinet

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