Les jeunes ne sont plus ce qu’ils étaient…?

Irrespect, incivilités, délinquance, etc. La liste est longue des reproches qui sont communément adressés « aux jeunes » dans notre société. Un ancien Président de la République ayant eu pour projet de modifier l’ordonnance de 1945 relative au statut pénal des mineurs pour durcir la répression contre les jeunes délinquants, avait eu cette phrase « les jeunes d’aujourd’hui n’ont plus rien à voir avec les jeunes de 1945 ».

Mais cette perception peut être relativisée, voire contredite.

 

En effet, interrogeant des éducateurs de rue en fin de carrière et ayant donc la plus longue expérience, il ressort de ces expériences que ce qui a le plus changé en quarante ans, ce ne sont pas tant les jeunes, les adolescents dont les transgressions sont de tout temps. Ce qui a profondément changé, ce sont les comportements de tous les adultes à l’égard de ces débordements.

 

La contenance adulte s’est dissipée. Là où des voisins, des commerçants, des passants, auraient signifié une sorte de « rappel à la loi », de « rappel à la norme », à quelques adolescents commençant à mettre le bazar sur un quai de gare, dans une rue, sur une place, il y a quarante ou cinquante ans, il n’y a aujourd’hui et depuis déjà bien des années, plus grande réaction.

 

La socialisation des enfants et adolescents, du fait des évolutions de la famille, des rythmes de travail atypiques, du désengagement des adultes du bénévolat qui encadrait traditionnellement les loisirs adolescents, de l’allongement des études, se fait de plus en plus entre eux, entre pairs. Les adultes sont de moins en moins en situation de jouer le rôle de référents pendant toute cette importante période de socialisation.

 

À tel point que là où des institutions scolaires, sociales, associatives, voire même carcérales, arrivent à produire de l’autorité vis-à-vis d’adolescents, cela suppose la plupart du temps un travail préalable pour remettre l’ensemble des adultes en cohérence, en cohésion.

 

Une autorité bienveillante, qui apporte un cadre nécessaire à la construction des adolescents, n’est pas une autorité « autoritaire », qui tombe d’en haut, mais la résultante de la cohésion des adultes, qui démontre l’existence de normes, de lois.

 

En quelques dizaines d’années, ce sont les adultes qui ont considérablement changé. Pas quelques adultes, pas des parents supposément « démissionnaires », mais tous les adultes. Qu’est devenu l’âge adulte, qui était traditionnellement structuré autour de trois grandes stabilités (travail, couple, logement) ? Il saute aux yeux que les dernières décennies ont d’abord bouleversé ce que c’est que d’être adulte. Et ce faisant, en plus que d’être moins au contact d’adultes référents, les adolescents ont de moins en moins un « âge adulte » clairement identifiable comme perspective.

 

Comme dit le proverbe, « Il faut tout un village pour éduquer un enfant ». Saurons-nous « refaire village » autour de nos enfants et adolescents pour les accompagner vers leur autonomie ?

 

http://lemonde.fr/idees/article/2011/07/21/l-adolescence-un-enjeu-politique_1551150_3232.html

 

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