Lettre au Père Noel
Cher Père Noël de Taverny,
Cette année tu as voulu nous faire un cadeau surprise : une crèche vivante. Traditionnelle.
C’était pas mal, mais j’ai été déçu. Tu n’as pas fouillé assez profondément dans ta hotte à traditions. La crèche vivante provençale date du dix-neuvième ou vingtième siècle seulement, la première crèche vivante commémorative serait italienne, due à François d’Assise au treizième siècle.
Personnellement, quitte à faire dans le symbole religieux, j’aurais aimé plutôt remonter à l’origine, coller au plus près de la tradition biblique, au premier siècle.
Cher Père Noël, tu avais le choix pour jouer à la crèche de Taverny avec des personnages plus vraisemblables : il y a des milliers de Marie et Joseph Moyen-Orientaux qui n’ont plus de maisons, qui ont quitté leur pays pour des raisons politiques ou qui fuient la guerre, et les camps de réfugiés surpeuplés du Liban, de Turquie ou de Jordanie ne peuvent plus les accueillir.
Ne me dis pas que tu ne les avais pas entendus frapper à nos portes.
Ils auraient été plus vrais que ceux de Taverny. Certains sont chrétiens, il y en a même qui parlent l’araméen, comme au premier siècle.
Cher Père Noël je veux te demander un vrai beau cadeau pour l’an prochain : j’aimerais que Taverny accueille au moins une famille de vrais réfugiés, Syriens ou autres, hélas tu as un grand choix dans les origines et les cultures, tu pourrais même joindre l’utile à la tradition car parmi eux il y a des médecins, des infirmiers, des ingénieurs qui aimeraient nous aider, nous manquons de ces métiers.
Si la charge est trop lourde pour toi, je suis sûr que nous serons assez de tabernaciens volontaires pour aider.
Et il n’y aura alors pas besoin de paille et d’âne pour les recevoir, il suffira d’enrubanner ce beau cadeau avec un minimum d’humanité, et moins d’hypocrisie.
Bisous.
Un petit garçon de soixante-dix ans qui veut encore y croire.
Marc
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